La crise du Covid-19 a accentué les difficultés des habitants en situation de précarité. Pour leur venir en aide, la ville de Nantes a mis en place un projet inédit, les « paysages nourriciers ». 50 potagers éparpillés dans la ville pour récolter des légumes frais, de saison, cultivés sans pesticides et les distribuer aux Nantais les plus démunis via des associations. Zoom sur cette belle initiative nantaise !
D’étranges potagers dans les espaces verts de la ville
Si vous êtes un tantinet observateur, vous avez dû remarquer ces étranges installations faites de pailles, de bambous et de cageots. Souvent dans les parcs et jardins, comme des îlots perdus dans un océan de vert. Ce sont les potagers des paysages nourriciers ! Des parcelles de parcs, des bouts de jardins, des espaces libres ont été pris d’assaut pour la bonne cause. Là où il n’y avait que du gazon ou des fleurs, les jardiniers ont planté des légumes. 50 sites répartis dans 11 quartiers de Nantes.
Et tout est bien pensé : la paille bio sert à maintenir l’humidité des sols et ainsi économiser l’eau, et sous le paillage, un mélange de terreau et compost. Les cageots qui, pour l’instant, font office de totems signalétiques serviront à récolter les légumes au moment venu. Enfin, des plantes fleuries ou aromatiques sont là pour attirer les insectes pollinisateurs et repousser ceux qui ne sont pas les bienvenus. Ce sont des potagers sans pesticides, inspirés de la permaculture, et dont les plants et semis sont en majorité bio et de fournisseurs locaux.
Une organisation en trois temps : de juin à octobre
La plantation a été effectuée par les jardiniers du Service des Espaces Verts et de l’Environnement de la ville de Nantes (SEVE), en juin. Ils ont privilégié des légumes relativement rapides à cultiver, pour répondre à l’urgence. Des tomates, des courgettes, des blettes, des betteraves, du maïs, des patates douces et différentes variétés de choux pour les légumes d’été ; des courges, des pommes de terre et des haricots secs pour les légumes d’automne.
La récolte, à cause d’une météo peu clémente ces derniers temps, va prendre du retard et ne commencera qu’à la fin du mois. En plus des jardiniers de la ville, des habitants de quartier et des bénévoles d’associations viendront donner un coup de main. Des tomates et des courgettes seront récoltées chaque semaine. Il faudra attendre la fin de la période estivale pour les autres légumes d’été. Septembre pour avoir des pommes de terre et des haricots secs dans son assiette. Fin octobre pour déguster les patates douces et les courges nantaises.
Fin juillet débutera la distribution des légumes aux personnes les plus démunies. Elle sera organisée par le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) en partenariat avec des associations de quartier et d’aide alimentaire .
De nombreux avantages
Ces potagers ont aussi une vertu pédagogique : « suivre l’évolution des cultures, rappeler à quelle saison chaque légume se ramasse, les récolter de manière participative, les redécouvrir et apprendre à les cuisiner pour une alimentation saine, de qualité et locale», avance la ville de Nantes. Ce projet fait la part belle aux produits frais en privilégiant les circuits ultra-courts.
Il renforce également le lien social et le réseau local. La beauté de ce projet réside bien dans l’union des forces de chacun. Le SEVE dispose de terres cultivables et du savoir-faire pour cultiver, le CCAS et les associations identifient et viennent en aide aux personnes qui en ont le plus besoin. C’est d’ailleurs les associations qui ont alerté les collectivités sur l’urgence alimentaire des plus précaires lors de la crise du coronavirus.
Une suite ?
Le concept, novateur à l’échelle d’une grande ville comme Nantes n’est qu’expérimental. Il répond à une urgence. Il faudra attendre fin octobre, l’heure du bilan, pour savoir si les quelque 1 000 familles auront bénéficié des 25 tonnes de légumes prévues, et si le projet est reconduit… Pour récolter des légumes d’hiver estampillés « Ville de Nantes »?