Caballero Jean Jass interview Partie 2
BCL : Vous êtes déjà venus à Nantes ? Caballero : Moi oui, j’ai fait le Stereolux avec le Fixpen Singe. C’était incroyable, les gens étaient très chauds, c’est une super salle. Un très bon souvenir Nantes. Sinon, je suis venu plusieurs fois chez Vidji, pour travailler sur nos projets, mais tu connais le problème, on arrive et on bouge pas du QG. Tant qu’il y a de l’herbe, pas besoin de sortir. Je restais des semaines entières chez lui dans la cave et je n’ai pas vu Nantes. Si, j’ai peut-être été dans le centre une fois manger un grec. C’est dommage mais si je commence à faire le touriste je n’avance pas sur mes projets musicaux.BCL : Et toi JeanJass ? JeanJass : On est venu jouer il y a plus ou moins un an, avec l’Exodarap à la scène Michelet, et pareil c’était super, un accueil incroyable, les gens étaient chauds. Et moi aussi je suis tombé dans le piège, je suis arrivé chez Vidji et je suis ressorti cinq jours après, sans voir le jour, donc c’est vrai qu’à Nantes je connais surtout le terrier de Vidji. BCL : Et donc, la grande question, rap français, rap belge… Ou est-ce qu’il est plus facile de percer ? Caballero : Je pense que tu as plus de chance en étant en France, il y a beaucoup plus de gens qui t’écoutent car il y a déjà beaucoup plus de population. Jean Jass : On a dix fois moins d’auditeurs, chez nous il y a déjà la moitié du pays qui ne comprend pas ce qu’on dit, et puis ce n’est pas une musique de vieux donc tu réduis encore le public. BCL : Vous allez donc être amené à venir en France plus souvent ? Caballero : Exactement. Moi ça fait déjà un bout de temps que je viens en France, je pense même avoir fait plus de scènes que La Smala et JeanJass, parce que j’ai eu la chance de collaborer avec Lo’, Lomepal…Caballero Jean Jass interview : Tant qu’il y a de l’herbe, pas besoin de sortir de chez Vidji.
BCL : Et venir de province, c’est encore une barrière aujourd’hui ? Caballero : Moi je viens de la capitale de la Belgique, donc c’est déjà un peu mieux que de venir de la Province belge. JeanJass : C’est un petit pays donc tu peux très vite être à Bruxelles, je pense que c’est beaucoup moins fort que chez vous. Caballero : Mais ça c’est notre point de vue de Belgique. Quand tu parles de la francophonie, la Belgique c’est aussi une sorte de province de la France. BCL : Vous vous considérez comme une province de la France ? Caballero : Non mais c’est le même schéma, que tu viennes d’une province française ou que tu viennes de Bruxelles, c’est un peu la même chose. Après, dans notre pays, c’est sur que tu as plus de chance d’être écouté si tu viens de Bruxelles. C’est la même histoire qu’en France, la capitale c’est là ou il y a le plus d’émulsion, de gens qui font de la musique, etc. BCL : Vous pensez que le public français fait la différence entre rap français et rap belge ? Caballero : Je pense de moins en moins, mais ils la font encore. Moi j’entends beaucoup « le rap belge », « ce rappeur belge »… BCL : C’est vous qui le mettez en avant aussi ? Caballero : On dit juste d’où on vient, comme la plupart des rappeurs, qui viennent de Sete, de MTP, du 75… JeanJass : Pas forcément. Il y a peut-être un peu d’exotisme certainement, comme quand tu parles du rap Québécois, ou du rap suisse… C’est un peu exotique. BCL : On entend moins parler du rap suisse… JeanJass : Quand même. Aujourd’hui c’est la francophonie dans sa globalité. Caballero : Moi j’écoute du rap suisse. BCL : Quoi par exemple ? Caballero : À une époque je me suis pas mal pris Sentin’l, puis j’ai collaboré avec lui. Il y a aussi Gueul Blansh, Hématome… Makala qui est très fort aussi avec son beatmaker Pink Flamingo… Moi j’écoute du rap de partout, tant que c’est en français j’écoute. BCL : Et vos artistes préférés en ce moment ? Caballero : C’est compliqué. J’écoute beaucoup de rap américain. BCL : Vous n’écoutez que du rap ? Caballero : Que du rap ouais. JeanJass : Moi j’écoute aussi la musique que je sample, mais à 80% du rap c’est sur. Après je peux te citer quelques noms, mais je vais pas être original, y’a les Kendrick et les Bronson qui sont sorti il y a peu donc forcément je les écoute… Caballero : Gibzz a sorti un 3 titres, qui est très très chaud. BCL : Sur votre album Le pont de la reine, c’est toi JeanJass qui a fait toutes les prods ? JeanJass : Non, sur les dix morceaux j’en ai fait 5 et le Seize a fait les 5 autres. Caballero : C’est vraiment équitable. JeanJass : C’est une fusion totale ! Caballero : C’est équilibré, c’est la bonne dose. BCL : Je voulais parler de vos clips, « Relax » de Caballero et « Poignées de punchlines » de JeanJass… Vous avez fait appel au même artiste ? Caballero : Pas du tout. BCL : C’est un peu dans le même esprit… Caballero : Moi j’ai travaillé avec Paul Lavo, c’est un gars qui a travaillé pour « Moi, moche et méchant ». JeanJass : Moi avec Paul Ramirez, qui a aussi travaillé un peu sur le clip de Caba, mais ce n’est pas lui qui l’a réalisé. BCL : C’est un concept original, qu’on voit peu, et vous sortez votre clip quasiment au même moment… JeanJass : C’est vraiment le hasard. Je savais déjà que dans « Relax » il y allait avoir des illustrations, mais quand on m’a présenté le délire pour « Poignée de punchlines », je ne m’imaginais pas du tout ce qu’on voit aujourd’hui. Mais c’est quand même très différent, moi c’est de la rigolade alors que « Relax » c’est beaucoup plus ésotérique. Mais c’est vraiment le hasard qui a fait que ça sorte un peu au même moment.Caballero Jean Jass interview : Au niveau du rap, quand tu parles de la francophonie, la Belgique est aussi une sorte de province de la France.
BCL : C’est important pour vous le côté vidéo, clip ? Caballero : C’est le plus important. JeanJass : La priorité, qui va faire la différence visuellement. Caballero : En fait, tu ne t’occupes plus vraiment de faire du bon son. Enfin je ne vais pas dire qu’on ne fait que du bon son, ça serait prétentieux… Mais on est passé au dessus de « Merde, on doit trouvé un studio ! » ou « Merde, on doit trouvé quelqu’un pour mixer ! » Sur le son, on est bon, on ne pense plus à ça. Maintenant, on doit essayer de donner un maximum de force à la vidéo. BCL : La musique est de plus en plus liée à l’image… Caballero : C’est indissociable. BCL : Et la scène, ça vous plait ? Caballero : Enormement. JeanJass : Moi je kiff ça.Caballero Jean Jass interview : Maintenant, on doit essayer de donner un maximum de force à la vidéo.
BCL : Pourtant, je lisais une de tes interviews Caballero où tu disais que c’était un peu pour payer les factures, que tu n’aimais pas spécialement ça… Caballero : Je préfère la phase créative, c’est ce qui me fait le plus kiffer. C’est comme ça que j’ai commencé, dans ma chambre. Je ne me disais pas « Je vais faire une chanson pour aller sur scène ». Moi j’aime me poser pendant des heures à fignoler mon truc, me casser la tête pour trouver le bon refrain. Faire les tests, enregistrer, faire une maquette, repasser dessus, c’est ce que je préfère le plus. La scène j’aime beaucoup, mais je préfère le studio. Mais je me marre, je saute partout, je donne toutes mes forces. Tu vas voir je serai crevé, j’aurai plus de voix, le tee-shirt trempé. J’en profite, c’est quand même une chance, il y a des gens qui restent bloqués chez eux alors que nous on part en tournée, on fait des scènes partout en francophonie. Cette année j’étais à Montréal, je ne peux pas me plaindre et dire « c’est de la merde ». Après si ça paye les factures tant mieux, on ne peut pas se nourrir d’amour et d’eau fraîche ! BCL : D’autres projets ensemble dans l’avenir ? Caballero : C’est obligatoire je pense, on ne se le dit même pas vraiment, mais c’est sur. Il est parti de Charleroi, maintenant il habite à 2 minutes de chez moi, donc même si on ne veut pas… JeanJass : On est condamné je pense. Caballero : PAF ! #visionnaire 😉Caballero Jean Jass interview : La scène j’aime beaucoup, mais je préfère le studio. (Caballero)